Jambes lourdes
" Insuffisance veineuse "
Les troubles veineux des membres inférieurs ne sont pas dus à une "faiblesse veineuse" tombée du ciel, ni à des valves soudain inefficaces. C’est simplement que la pompe musculaire s’est transformée en barrage.
Voyons-en le mécanisme.
Fonctionnement normal
Le retour veineux est dû aux résidus de la force propulsive du cœur, à la dépression abdominale qui provient des mouvements respiratoires du diaphragme, et à la contraction musculaire, surtout celle du Soléaire pour les membres inférieurs.
En effet l’essentiel du sang veineux de la jambe passe à travers ou contre ce muscle (fig. 1). C’est aussi à ce niveau que les veines superficielles rejoignent les veines profondes.
La contraction du muscle Soléaire comprime le réseau veineux, ce qui a pour effet de vider les veines. Or la présence de valves fait que ceci ne peut se faire que dans une direction : vers le haut, vers le genou, donc vers le cœur (fig. 2).
Le Soléaire est un muscle très sollicité : dès qu’on est debout, ce muscle se contracte pour fixer le haut du Tibia à la partie postérieure du Calcanéum, pour éviter la tendance à la flexion de la cheville qui est due au fait que le centre de gravité du corps se projette en avant de cette articulation (fig. 3 & 4). Ce muscle s’oppose donc à une grande partie au poids du corps pour empêcher celui-ci de tomber en avant.
Or en pratique nous n’avons que rarement notre poids sur un seul pied : que l’on marche ou que l’on se tienne debout sur place, nous sommes en appui sur une seule jambe, en alternance. Ceci est évident à la marche ou à la course, mais c’est aussi le cas quand nous restons au même endroit : nous sommes en appui sur un pied, puis, quelques temps après sur l’autre, etc.
Ceci permet à un muscle Soléaire de se reposer quand l’autre travaille pour s’opposer au poids du corps. Et ceci permet aussi de faire remonter le sang veineux à chaque fois que nous commençons à contracter ce muscle.
On voit déjà qu’un travail sédentaire debout sur place, et a fortiori un travail sédentaire assis, solliciteront peu cette pompe musculaire, donc favorisent la stase veineuse.
Fonctionnement anormal
Etant un muscle très sollicité, le Soléaire est également très souvent contracturé, suite à une entorse ou à un autre traumatisme de la cheville.
La contracture, rappelons-le, est une contraction involontaire permanente, auto-entretenue de façon réflexe.
Comme il n’y a plus, ou en tout cas beaucoup moins, d’alternance entre repos et contraction, la pompe se transforme en barrage : la contraction permanente comprime le système veineux en permanence.
D’où une hyperpression en amont du courant veineux, côté pieds donc, qui provoque une distension veineuse, ayant pour conséquence que les valves ne sont plus confluentes.
Le sang veineux remonte mal, il s’accumule en bas, ce qui provoque des symptômes tels que jambes lourdes, surtout le soir, aggravés par la chaleur et soulagé par le froid (symptômes caractéristiques de stase veineuse), et éventuellement des œdèmes. Les veines superficielles subissent le même sort, d’où formation de varices, la paroi veineuse étant au bout d’un certain temps dilacéré par l’hyperpression (fig. 5).
Ce n’est donc pas la faiblesse de la paroi veineuse qui est la cause, elle n’est que la conséquence.
Ce n’est donc pas l’inefficacité des valves intraveineuses qui est la cause, elle n’est que la conséquence.
(A noter qui si on pense qu’une faiblesse veineuse tombée du ciel est la cause des jambes lourdes, les remèdes – ce sont surtout des plantes d’ailleurs - qui soulagent les symptômes seront appelés "toniques veineux"… ce qui conforte par cette pirouette l’idée non fondée, et bien peu scientifique, qu’une faiblesse veineuse est la cause des symptômes.)
Un travail debout sur place toute la journée, ou un travail sédentaire assis, aggraveront bien sûr les symptômes.
Traitement
Si l’on veut vraiment guérir les troubles veineux des membres inférieurs, il faut s’attaquer à leur cause, la contracture musculaire. A noter que la contracture du Soléaire est souvent secondaire à la contracture d’autres muscles, qu’il conviendra donc de traiter également.
En suivant ces principes, la Myothérapie guérit les deux tiers des malades souffrant de jambes lourdes, avec ou sans œdèmes, et améliore de façon notable presque tous les autres (fig. 6).
Les varices une fois constituées ne sont cependant pas réversibles par cette méthode, la paroi veineuse étant lésée ; la Myothérapie permet cependant d’éviter que de nouvelles ne se créent.