Prévenir & Guérir par Myothérapie
Chez le sportif, qui est plus que toute autre personne sujet à des traumatismes qui causent des contractures primaires, il est important de faire un bilan régulier et un traitement de celles-ci – ce qui limitera le risque qu’un choc au niveau d’une autre articulation soit cause de douleurs, de limitations de performances, ou de blessures : mieux vaut prévenir que guérir.
Il ne viendrait à l’idée d’aucun coureur automobile de ne pas faire réviser son véhicule avant et après chaque compétition et entrainement : pourquoi se permet-on de ne pas en faire autant pour le corps du sportif, surtout de haut niveau ?
Jusqu’à présent c’était parce qu’on ne savait pas comment faire, quoi rechercher, ni comment traiter. Maintenant que ceci est parfaitement possible avec la Myothérapie, il n’y a aucune raison de continuer sur les mauvaises habitudes qui sont la cause de tellement de blessures du sportif, dont la plupart auraient facilement pu être évitées.
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Que l’on se réceptionne d’un saut en hauteur, que l’on stoppe une balle au tennis, que l’on se fasse plaquer violemment au rugby, ou que l’on s’y retrouve écrasé sous une demi-douzaine de joueurs, le seul et unique élément qui permet d’éviter sans cesse la dislocation des articulations, c’est la contraction protectrice des muscles toniques.
Ce sont malheureusement aussi ces chocs, s’ils sont trop importants ou mal appréhendés, qui vont provoquer des contractures. C’est pourquoi celles-ci sont extrêmement fréquentes chez les sportifs, avec toutes les limitations que cela implique.
Et une fois installées, ce sont aussi ces contractures qui favorisent les blessures plus graves.
L’état musculaire pathologique préalable, la contracture post-traumatique, récente ou ancienne, est la première cause de blessures chez le sportif, loin devant les commotions, les fractures, les luxations et autres ruptures ligamentaires (lesquels vont cependant aggraver les contractures…) : la vaste majorité des blessures du sportif a comme point de départ une contracture préexistante. Cependant le mécanisme en cause dans ces blessures est rarement bien compris.
On peut distinguer deux catégories de blessures : d’une part celles où l’implication musculaire est évidente, et d’autre part celles où elle est moins flagrante, mais tout aussi importante : la première catégorie est la plus spectaculaire, mais ne représente finalement qu’une minorité des blessures.
- Contusion : choc violent sur le muscle, pouvant créer un hématome. Ce choc est bien sûr d’autant plus douloureux si le muscle est déjà contracturé, puisqu’un des symptômes de la contracture est la douleur à la pression. Pas de conséquences à long terme, sauf si le choc a aggravé la contracture.
- Courbature : douleurs musculaires après effort, surtout à la reprise après une période d’arrêt du sport, ou après étirements avec contraction excentrique : pendant ce type d'exercice, le muscle est soumis à de très fortes tensions : il se contracte tout en subissant un allongement sous l'effet d'une force extérieure supérieure à la force maximale isométrique qu'il est capable de produire). Les hypothèses explicatives varient, mais les douleurs ne durent pas. Le phénomène sera bien sûr favorisé par la présence de contractures, qui rendent le muscle moins adaptable, et moins extensibles.
Bien que la douleur soit retardée par rapport à l’effort, les autres symptômes associés apparaissent quant à eux rapidement et peuvent durer plusieurs jours : baisse de la proprioception (notion de la position dans l’espace), raideur et réduction de l’amplitude de mouvement, de la capacité des muscles à absorber les chocs, diminution de la force et de la puissance musculaire, bref, diminution des performances.
- Contracture : c’est le dysfonctionnement qui sous-tend tous les autres. Nous l’avons longuement décrit dans le chapitre 1. La cause est traumatique, elle est primaire au niveau cervical ou des chevilles, secondaire ailleurs : un choc, une contraction soutenue contre résistance, ou un étirement brusque ne sont que des facteurs déclenchants. Les symptômes sont douleurs et limitations d’amplitude articulaire, éventuellement déformation articulaire (tel que genu varum ou valgum).
Sauf si elle est traitée, la contracture n’a aucune tendance à guérir. Elle peut simplement passer un certain temps sous le seuil de manifestation, restant ainsi asymptomatique jusqu’à ce qu’un facteur déclenchant, tel qu’un nouveau choc ou un effort excessif, va à nouveau provoquer des symptômes. Et tant que la contracture primaire située au niveau du cou ou des chevilles n’est pas traitée, un traitement purement local ne fera au mieux que déplacer la compensation ailleurs dans le corps, ou bien il sera peu durable ou carrément inefficace.
- Elongation : c’est l’étirement excessif des fibres musculaires qui restent cependant à peu près intactes. L’élongation favorise la survenue ou l’aggravation d’une contracture, l’étirement provoquant un réflexe myotatique ; et un muscle contracturé est plus facilement sujet à une élongation, car étant contracturé en permanence, il s’oppose à son étirement, qui sera excessif plus vite que normalement.
L’élongation ne peut survenir que sur une contraction excentrique. Car il faut réaliser que la longueur d’un muscle sain est fonction de l’amplitude physiologique de l’articulation. Il ne peut donc pas être excessivement étiré en soi, sinon il y aurait simultanément rupture de la structure même de l’articulation.
Une élongation ne peut donc se produire que sur un muscle raccourci, soit parce qu’il est en train de se contracter (d’où l’inconvénient des étirements excentriques), soit parce qu’il est déjà contracturé, soit les deux.
Les symptômes de l’élongation ne diffèrent d’ailleurs guère de ceux de la contracture, avec laquelle elle est d’ailleurs souvent confondue : douleur aigüe à la contraction du muscle (surtout à l’effort), à son étirement, et à la pression. Elle cède au repos. L’activité sportive est possible, mais douloureuse.
L’épisode aigu va se manifester pendant quelques semaines puis la douleur disparaît, mais même alors la contracture sous-jacente sera toujours là, car elle ne guérit jamais spontanément : elle est juste descendue sous le seuil de manifestation.
Comme pour toutes les blessures musculaires (et il n’y en a guère d’autres…) il ne faudrait jamais appliquer de glace. En attendant un traitement spécifique par Brachy-Myothérapie, il vaut mieux appliquer de la chaleur. En effet le froid peut avoir un effet anesthésiant, mais il augmente le tonus musculaire, donc la contracture.
- Claquage ou déchirure partielle, dite de stade 2 : le mécanisme est le même que pour l’élongation, mais en plus intense, avec rupture de certaines fibres du muscle, qui peuvent saigner. Bien sûr plus la contracture préexistante est importante, plus un effort identique risque de provoquer un claquage plutôt qu’une élongation. D’où chez le sportif l’importance d’une prévention par des bilans et traitements réguliers des contractures par Myothérapie.
La douleur est ici soudaine et intense, parfois accompagnée d’une sensation de claquement (d’où le nom) et elle oblige à arrêter le mouvement. L’activité sportive n’est plus possible, et si les muscles du membre inférieur sont concernés, même la marche est rendue difficile par la douleur. Le diagnostic peut être confirmé par l’échographie.
Comme pour l’élongation, le claquage doit surtout être considéré comme un épisode aigu de la contracture. L’étirement sur contraction a dramatiquement augmenté le niveau de la contracture, qui reste la principale si ce n’est la seule responsable des symptômes. Traiter la contracture par Myothérapie (sans oublier la cause primaire au cou ou aux chevilles) permet de guérir rapidement le muscle et d’éviter les récidives, qui autrement sont inévitables.
- Rupture ou déchirure dite de stade 3 :
La rupture complète est rare, et même si elle est à l’évidence favorisée par une contracture préexistante importante, elle relève de la chirurgie, et son diagnostic est évident : impossibilité totale de mouvement. En fait il s’agit plus souvent de rupture du tendon (voir plus loin), et dans ce cas le muscle fait saillie sous la peau.
La rupture partielle, comme celle dite de la « coiffe des rotateurs » (en pratique le muscle Supra-épineux), est plus fréquente, mais relève du même mécanisme que l’élongation ou le claquage : contraction du muscle alors qu’il est étiré, muscle rendu peu adaptable par une contracture préexistante. C’est pourquoi un bilan et un traitement régulier des contractures chez le sportif éviterait la plupart des blessures : un muscle sain ne peut présenter ni élongation, ni claquage, ni a fortiori déchirure, il est bien trop adaptable, alors qu’un muscle contracturé ne l’est plus.
La douleur est soudaine et intense, et elle oblige à arrêter le mouvement. Un hématome est en général associé (qui peut aussi exister en cas de simple contusion). L’application de glace peut ralentir la formation de cet hématome, (qui est en général accessoire), mais aggrave la contracture, qui est l’essentiel du problème et la principale cause des symptômes. Le meilleur traitement de la déchirure reste donc celui de la contracture par Brachy-Myothérapie : au lieu d’entraîner un arrêt du sport de plusieurs mois, ce sera ramené à quelques semaines. Et comme d’habitude, mieux vaut prévenir que guérir…
- Tendinite : ce terme utilisé un peu à tort et à travers doit être réservée à une douleur du tendon. Laquelle n’est due qu’à la traction permanente excessive du muscle tonique contracturé sur sa courroie de transmission qui le relie à l’os.
A un stade important de contracture, un effort ou un étirement violent peut provoquer la rupture du tendon, la plus fréquente étant celle du tendon d’Achille (toujours précédée de douleurs du mollet et du tendon lui-même).
(A noter que la rupture du tendon d’un muscle dynamique peut éventuellement se produire sur un mouvement rapide brusquement contrarié.)
- Crampe : c’est une contraction involontaire et très intense du muscle. Elle survient subitement et s’accompagne d’une douleur importante. Elle apparaît le plus souvent pendant l’effort, mais peut aussi survenir au repos.
La crampe n’est que l’épisode aigu d’une contracture, qui quant à elle est permanente tant qu’elle n’est pas traitée, qu’elle se manifeste par des symptômes ou reste latente.
- Entorse de la cheville : c’est un cas particulier sur lequel nous reviendrons en détail, puisque c’est un des rares cas (avec les croisés du genou) où des ligaments peuvent être impliqués. L’étirement brusque d’un ligament peut faire qu’il devient hyperalgique lors de toute nouvelle sollicitation. Ce réflexe nociceptif peut parfaitement être guéri par Myothérapie, souvent instantanément. (En cas de rupture cela relève bien sûr de la chirurgie.) Cependant il y a inévitablement une ou plusieurs contractures musculaires associées, qui, si elles ne sont pas traitées, seront un facteur de chronicité ou de rechute, ou de compensation provoquant des symptômes à distance.
Les complications à court ou à long terme sont les suivantes :
- Douleur articulaire aigüe ou chronique : le muscle traverse par définition l’articulation qu’il mobilise ou maintient. La douleur de la contracture est donc en général ressentie comme une douleur articulaire. Les structures de l’articulation ne sont pas en cause, car si on traite la contracture la douleur disparaît.
- Douleur articulaire récidivante : il faut garder à l’esprit que la contracture ne se manifeste cliniquement qu’au-delà d’un certain seuil d’hypertonie musculaire. Ce qui explique qu’après le choc qui a provoqué la contracture il peut se passer un certain temps, parfois plusieurs années, avant l’apparition de symptômes, suite à un facteur déclenchant qui aura augmenté encore un peu plus le tonus du muscle (souvent un nouveau choc, qui n’a donc pas besoin d’être bien important)
Absence de symptômes ne signifie donc pas absence de contracture.
Inversement divers facteurs (traitement manuel purement local, anesthésie, grossesse, etc.) peuvent faire descendre la contracture sous le seuil, après qu’elle se soit manifestée par des symptômes : en apparence le malade est guéri… jusqu’à la rechute provoquée par un simple facteur déclenchant.
De plus puisque la contracture qui se manifeste par des symptômes compensait a priori une contracture primaire, souvent asymptomatique, située au cou ou aux chevilles (voir chapitre 1), la traiter peut aussi déplacer la compensation, qui va se manifester ailleurs, phénomène qui peut aussi se manifester spontanément : sur une durée plus ou moins longue une douleur disparait, mais une autre articulation devient douloureuse.
- Névralgies & Sciatiques : la névralgie cervico-brachiale ou la sciatique ne sont pas due à une irritation mécanique du nerf lui-même, mais à la compression de sa vascularisation. Si un muscle voisin est contracturé, donc élargi et dur, ceci suffit à provoquer cette ischémie et la souffrance consécutive du nerf, laquelle se manifeste par une douleur ressentie sur le trajet de celui-ci. Il s’agit donc en pratique rarement de hernie discale[1] mais presque toujours de contractures, réversibles par un traitement par Myothérapie, laquelle fait également disparaître la névralgie.
- Limitation de mouvement, raideur : c’est un des symptômes typiques des contractures, lesquelles limitent donc les performances des sportifs. Elles sont pourtant faciles à traiter, et seraient aussi à prévenir, si seulement un bilan systématique et régulier, suivi du traitement par Myothérapie des contractures trouvées, faisait partie de l’entrainement du sportif.
Cela éviterait aussi la plupart des blessures, comme nous l’avons vu.
- Fracture, luxation : la contracture limite l’utilisation de l’articulation que le muscle gouverne. Or la fonction entretenant l’organe, un os moins sollicité que normalement a tendance à se décalcifier, ce qui favorisera les fractures, appelées de façon inappropriée ‘de fatigue’.
De même un muscle contracturé, moins adaptable et moins réactif, jouera moins bien son rôle de protection, ce qui favorise les luxations et autre ruptures ligamentaires : le ligament vient normalement en 2e ligne pour la protection de l’articulation, loin derrière le muscle tonique, et uniquement au maximum de l’amplitude articulaire ; cependant si le muscle n’est plus une défense efficace, le ligament est facilement étiré trop brusquement et se rompt.
La contracture favorise également les rechutes : les luxations récidivantes de l’épaule par exemple cessent de se reproduire une fois les contractures traitées.
- Céphalées & Migraines : elles sont dues à des contractures cervicales (qui elles-mêmes, ne l’oublions pas, peuvent compenser celles de chevilles). On décrit depuis longtemps les ‘migraines du footballer’, et même s’il s’agit en général du football américain, plus violent, donner des coups avec la tête dans un ballon dur dont le poids est multiplié par l’énergie cinétique n’est certainement pas anodin, ni pour le cerveau ni pour les muscles du cou, surtout quand c’est répété comme dans le football classique.
[1] plus de 50% des gens bien portants ont au moins une hernie discale lombaire…, qui n’est donc cause de rien. Donc la moitié des gens souffrant de lombalgies en auront également une… qui n’est toujours cause de rien.
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Dans quel but fait-on des étirements ? Pour détendre les muscles, pour éviter les blessures, pour améliorer les performances ? En pratique on fait des étirements… parce que tout le monde le fait, et parce qu’on ne sait pas quoi faire d’autre pour améliorer ses performances, et non parce que cela apporte de réels bienfaits, car ceux-ci, nous allons le voir, sont inexistants.
Même s’il convient de distinguer les étirements actifs, provoqués par la contraction du muscle antagoniste, où intervient le réflexe d’inhibition réciproque, donc moins nocifs mais peu efficaces, et les étirements mécaniques, passifs, comme essayer de faire le grand écart avec son poids, ou pire, les étirements avec contraction simultanée, les résultats ne diffèrent finalement guère. Croire qu’en forçant sur le muscle on va améliorer son fonctionnement, c’est évidemment tout ignorer de la physiologie musculaire.
Dans le cas d’un étirement actif, la contraction du muscle dynamique que l’on utilise pour étirer son antagoniste provoque un relâchement relatif de ce muscle tonique antagoniste (rappelons que seuls les muscles toniques, qui maintiennent les positions et protègent les articulations, peuvent être contracturés). Ce réflexe d’inhibition réciproque limite dans une certaine mesure le réflexe myotatique et donc le risque d’aggravation de la contracture.
Quant aux étirements mécaniques ou avec contraction excentrique, ils n’ont même pas ce garde-fou de l’inhibition réciproque, et sont donc totalement contre-productifs : ils ne peuvent qu’aggraver la contracture qui est la seule et unique limite à la souplesse.
Et comme nous l’avons vu, tout ce qui aggrave les contractures diminue les performances et augmente le risque de blessures.
La longueur d’un muscle fonctionnant normalement est déterminée par l’amplitude de l’articulation, et non le contraire : seul un muscle contracturé peut limiter l’amplitude articulaire, et étirer un tel muscle ne peut que provoquer une augmentation de tonus par réflexe myotatique (‘stretch reflex’ en anglais, comme dans… stretching), donc aggraver la contracture, donc augmenter la limitation d’amplitude articulaire. C’est le cas par exemple de l’étirement des muscles Ischio-Jambiers en mettant le pied sur une barre.
Si les étirements ont comme but de supprimer les limitations de mouvement, ils ne sont pas la bonne approche : ne vaudrait-il pas mieux en traiter la seule cause, les contractures, plutôt que d’essayer de forcer contre la limitation, et par là même aggraver les contractures ? Toute raideur ou limitation d’amplitude est due à une contracture, nous l’avons vu. Et plus un muscle est contracturé (contraction involontaire permanente post-traumatique auto-entretenue de façon réflexe), plus l’étirement augmente ainsi sa contracture, donc limite le mouvement. Or les sportifs sont particulièrement sujets aux contractures. Et plus on force, plus on aggrave la situation. Les étirements sont donc contre-productifs : non seulement ils n’allongent pas le muscle, ce qui est heureux, non seulement ils n’augmentent pas l’amplitude articulaire, mais en plus ils aggravent la contracture qui était justement la seule limite au mouvement et à la souplesse articulaire.
(Augmenter les amplitudes articulaires n’est possible qu’à la hanche, dans une très faible mesure, et n’a d’intérêt que pour les gymnastes, les patineurs ou les danseurs. Quel avantage y aurait-il autrement à augmenter l’angle d’une articulation, à supposer que ce soit faisable ?)
Comme il n’est donc pas possible d’allonger un muscle plus de l’amplitude articulaire ne le permet[1], on pense pouvoir améliorer les effets d’un étirement en contractant le muscle au cours de son étirement (contraction excentrique). Le résultat obtenu est à l’opposé de celui attendu : on déclenche un réflexe myotatique encore plus fort, qui va encore plus aggraver la contracture et ses méfaits, et même provoquer des lésions des fibres musculaires.
En étirant un muscle, on espère peut-être agir sur les organes tendineux de Golgi (voir annexe), qui potentiellement inhibent les motoneurones α, donc la contraction musculaire et ainsi la contracture. Or en pratique ces récepteurs de Golgi n’agissent de façon véritablement inhibitrice qu’en cas de contraction nettement excessive. L’étirement musculaire ne les sollicite pas assez, et provoque beaucoup plus vite un réflexe Myotatique (justement appelé ‘stretch reflex’ en Anglais), qui va lui augmenter le tonus musculaire, donc la contracture, et ses conséquences telles que douleurs et… limitations d’amplitude des mouvements. Rajouter une contraction à l’étirement devrait théoriquement rendre les récepteurs de Golgi plus efficaces, mais malheureusement le réflexe Myotatique se produira toujours bien avant, son seuil d’activation étant beaucoup plus bas.
La seule façon d’éviter le réflexe Myotatique serait de provoquer l’étirement du muscle en contractant le muscle antagoniste (à supposer qu’il ne soit pas contracturé lui-même) : ceci déclenche le réflexe d’inhibition réciproque, empêchant le muscle étiré de se contracter. Le problème est alors que nouveau l’étirement est toujours limité par l’amplitude articulaire, et que donc les récepteurs tendineux de Golgi ne sont que modérément sollicités, donc peu efficaces.
Tout ceci n’est pas juste un point de vue théorique : de nombreuses études montrent la nocivité des étirements.
Gilles Cometti (2003) a étudié les différentes publications sur le sujet. Il a trouvé que :
· Les étirements n’augmentent pas la vitesse des sprinters ; au contraire, ils la diminuent.
· Les étirements diminuent la force musculaire, ainsi que l’endurance de force
· Les étirements ne diminuent en rien le risque de blessures ; ils ont plutôt tendance à l’augmenter. Ceci pourrait être dû à plusieurs mécanismes :
- Les étirements augmenteraient la tolérance à la douleur (Magnusson et al, 1998). Or celle-ci est le signal d’alarme qui prévient avant la blessure, et permet d’éviter celle-ci si on peut en tenir compte assez vite : les étirements retarderaient ce réflexe, et augmenteraient ainsi le risque de blessure.)
- Les étirements forcent sur la structure du muscle, et provoqueraient des microlésions, qui diminuent les performances et l’adaptabilité des muscles concernés. Bien sûr plus le muscle résiste, plus il faut forcer pour étirer, et plus le risque de microtraumatisme est important. Et puisque l’étirement provoque une contraction réflexe, plus on étire, plus le muscle se contracte, on force donc d’autant plus, et on traumatise d’autant plus. Risque augmenté en cas de contraction associée à l’étirement.
- Les étirements modifient la structure du tendon (orientation des fibres de collagène), rendant celui-ci moins efficace comme courroie de transmission, ce qui favorise les blessures.
- A notre avis le principal mécanisme est tout simplement le suivant : les étirements aggravent les contractures, qui sont la cause première des blessures. Curieusement ces pathologies acquises et persistantes que sont les contractures sont totalement passées sous silence dans la littérature et dans la pratique de la médecine du sport. Elles sont pourtant extrêmement simples à diagnostiquer. Et surtout elles sont extrêmement fréquentes chez les sportifs, c’est le moins qu’on puisse dire : les chocs et les efforts violents, qui les provoquent, ne manquent pas. Et comme jusqu’à présent on ne les soigne pas, très rares sont les sportifs qui n’en ont pas.
· Les étirements n’améliorent pas la récupération, car ils compriment le système vasculaire du muscle : or c’est justement d’une bonne vascularisation dont le muscle a besoin pour récupérer
· Le stretching n’a pas d’efficacité pour prévenir ou atténuer les courbatures. Tout au plus peut-on retenir l’effet de tolérance à la douleur que nous avons mentionné plus haut, qui peut faire percevoir les étirements comme agréables, avec le risque de masquer le signal d’alarme qu’est la douleur, et donc d’augmenter le risque de lésion musculaire.
En pratique, il suffirait de faire des bilans réguliers à la recherche de contractures, et de les traiter par Brachy-Myothérapie, pour que tout ce pour quoi on fait en pure perte des étirements contre-productifs, à savoir souplesse, amélioration des performances, et diminution des risques de blessures, puisse être obtenue par un entrainement qui n’a pas besoin de comporter autre chose que la pratique du sport lui-même.
Le problème pour un sportif n’est pas la faiblesse de ses muscles, mais l’excès (involontaire) de contraction. Toutes les blessures et manques de performances sont dus à un tonus musculaire pathologiquement trop élevé, la contracture, et jamais à une faiblesse musculaire. On peut donc se poser la question de l’influence de la musculation sur la santé du sportif.
Ne vaudrait-il pas mieux privilégier la pratique régulière du sport, précédée d’exercices d’échauffement (comme, traditionnellement, dans les sports de combat japonais) et des bilans réguliers à la recherche de contractures, avec traitement de celles-ci ? La pratique du sport met en jeu harmonieusement tout le système musculaire ; la musculation force artificiellement sur un groupe de muscles isolé. Muscler de façon artificielle une partie du corps n’est pas du tout la même chose qu’un entrainement au sport pratiqué qui sollicite l’ensemble du système musculaire.
En effet la première règle à avoir en tête est qu’un muscle s’adapte en force et en volume à ce qui lui est habituellement demandé. Qu’un haltérophile soulève donc des haltères, qu’un tennisman joue donc au tennis. Mais du point de vue de performances, soulever des haltères n’a pas plus d’intérêt pour un tennisman que de jouer au tennis pour un haltérophile.
La seule chose qui s’oppose au fait qu’un muscle s’adapte en force et en volume à ce qui lui est demandé lors de la pratique habituelle du sport est la contracture : contracter un muscle contracturé est douloureux, donc on évite de le faire. Ainsi le muscle s’affaiblit et fond, de même que les autres muscles de l’articulation dont on limite ainsi la fonction : la fonction entretient l’organe, c’est de loin la première règle.
Le manque de force n’est donc dû qu’à la contracture (si par ailleurs l’entraînement est suffisant), et lutter artificiellement contre ce fait en faisant de la musculation est non seulement illusoire, mais aussi et surtout source de problèmes.
En effet la musculation est potentiellement facteur déclenchant de multiples pathologies[2] :
· On retrouve d’abord les complications classiques des contractures
- Déchirures
- Claquages
- Tendinites
- Lombalgies et autres douleurs ‘articulaires’
· Les autres complications, non négligeables, étant entre autres
- Asthénie, épuisement, malaises
- Infarctus (risque augmenté en cas de prise d’anabolisants)
- Insuffisance respiratoire
Donc si le sportif veut augmenter sa force et son volume musculaire, et ainsi ses performances, faire de la musculation n’est pas la meilleure idée… Il faut un entrainement régulier, plus un bilan tout aussi régulier à la recherche de contractures, et un traitement systématique de celles-ci.
[1] et c’est heureux, car si c’était possible, ce muscle devrait d’abord se contracter pour se mettre en tension avant de pouvoir agir, ce qui représenterait un énorme gaspillage d’énergie sans aucun avantage en retour
[2] Facteur déclenchant, car la contracture post-traumatique préexistante est la seule véritable cause.
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223 pages
Dr Jan Polak :
Blessures du Sportif,
Prévenir & Guérir par Myothérapie
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TABLE des MATIÈRES
1ère partie.. 9
Muscles : fonctions & dysfonctionnements. 11
1. Fonctions des muscles. 12
2. Le réflexe Myotatique. 13
3. Contraction de protection et contracture. 18
4. Le mécanisme de la contracture. 24
5. Différentes sortes de fibres musculaires et de muscles. 27
a) Force vs Rapidité. 27
b) Métabolisme. 28
6. Les réflexes musculaires. 35
1) Réflexe myotatique. 35
2) Inhibition réciproque. 35
3) Réflexe tendineux de Golgi 36
4) Corpuscules de Pacini 38
7. Les mécanismes de compensation
Les Blessures des Sportifs : mécanismes
1. Le muscle, seule protection du Sportif. 44
2. Le muscle, principal responsable des blessures du Sportif. 45
a) Atteinte directe du muscle, manifestations aiguës. 45
b) Conséquences des contractures, manifestations chroniques 50
Conclusion. 55
Etirements, Musculation. 56
1. Etirements & Stretching. 56
a) Souplesse & amplitude articulaire. 57
b) Etudes sur les effets des étirements. 60
En résumé : 62
2. Musculation. 62
Améliorer les Performances du Sportif. 65
1. Prévention par bilans réguliers. 65
2. Traitement sur le terrain. 67
3. Echauffement & entraînement vs stretching & musculation. ……………………………………………………………………………………… 67
2e partie.. 69
Rugby. 72
Douleurs Cervicales. 76
1. Origine et mécanisme des douleurs cervicales : un exemple 82
a. Arthrose. 85
b. Hernie discale cervicale et Névralgie Cervico-Brachiale. 89
2. Complications des contractures cervicales. 90
3. Traitement de fond des douleurs cervicales. 91
4. Un exemple. 94
5. Conclusion. 95
Crampes. 96
La Crampe, épisode aigu de la Contracture. 96
Le Réflexe Myotatique Inverse & l’organe de Golgi 97
La Crampe et son traitement : mécanisme. 99
Lombalgies, Sciatiques, Douleurs sacro-iliaques. 101
A. Lombalgies. 101
1) Données épidémiologiques. 101
2) Conception classique. 101
3) Le disque intervertébral et sa dégénérescence. 102
4) Un autre point de vue. 106
B. Sciatiques. 109
a) Hernie discale ?. 109
b) Cause ?. 110
C. Résultats de la Myothérapie dans les lombalgies et les Sciatiques 113
D. Douleurs Sacro-Iliaques. 114
Basket-ball & Hand-ball 116
Basket-ball 117
Hand-ball 118
Entorses de Cheville. 120
1. Anatomie & Physiopathologie. 124
a) Physiologie. 126
b) Physiopathologie. 129
2. Complications des entorses de cheville. 131
3. Traitement de l’entorse de cheville. 132
4. Exemple Clinique. 136
Douleurs du Genou. 138
1. Le Quadriceps, 4 muscles distincts ayant une insertion commune. 139
2. Mécanisme du Syndrome Rotulien ou Fémoro-Patellaire (SFP) 144
4. "Entorses" du genou. 149
5. Cruralgie. 152
6. Ménisques. 152
7. Traitement des douleurs du genou par Myothérapie. 157
8. Conclusion. 158
Football 161
Pubalgies, douleurs du Coccyx. 164
A. Pubalgies. 164
B. Douleurs du Coccyx (Coccygodynies). 170
Complications des contractures du m. Elévateur de l'Anus. 174
Douleurs de la Hanche. 175
1. Physiologie de la marche et de la course. 175
2. Les 2 muscles Grands Fessiers. 178
3. Douleurs dites 'des' Adducteurs. 180
4. Douleurs de l'aine (fausses Pubalgie). 181
5. Les Ischio-Jambiers. 181
6. Traitement de la douleur de la Hanche. 181
Tennis. 185
Douleurs du Coude. 188
1. Point de vue classique. 188
Diagnostic. 190
Traitement. 191
2. Point de vue de la Myothérapie. 191
Traitement. 193
3. Une étude comparative. 194
Patients & Méthode. 195
Résultats. 196
Discussion. 198
Conclusion. 199
Douleurs de l’Epaule. 201
1. Anatomie et physiologie. 203
2. Pathologies. 206
a) Pathologie de la Coiffe des Rotateurs, tendinite. 207
b) Epaule gelée. 209
c) Capsulite Rétractile. 209
d) Calcification tendineuse. 210
e) Conflit Sous-acromial 210
f) Luxation récidivante. 212
3. Traitement. 213
Appendice : Acu-AnMo.. 216
Adresses Utiles. 217
219